Illustrations

Atlas des Plantes de mauvaise vie. Un Herbier de l’infra-ordinaire.

(projet en cours, en collaboration avec Aldwin Raoul)

 

”Tandis que je continuais à suivre en silence mon père, qui indiquait certaines feuilles derrière un mur et disait : “ypotoglaxia jasminafolia” (à présent j’invente des noms, le vrais, je ne les ai jamais appris), “photophilia wolfoides”, disait-il (je suis en train d’inventer mais c’est des noms de ce genre), ou bien “crotodendron indica” (j’aurais certes pu, maintenant, chercher des vrais noms, au lieu de les inventer, redécouvrir peut-être quelles étaient réellement les plantes que mon père me nommait au fur et à mesure, mais c’eut été comme de tricher au jeu, ne pas accepter la perte que moi-même je me suis infligée, les milles pertes que nous nous infligeons et pour lesquels il n’y a pas de revanche.”

Italo Calvino – La route de San Giovanni


L’Atlas des herbes de mauvaise vie est un livre construit autour des noms vernaculaires des plantes sauvages du milieu urbain. Il explore la richesse du lexique populaire qui véhicule avec lui mythes, croyances et histoires naturelles. L’Atlas tient du bestiaire autant que du livre de botanique mettant systématiquement en vis-à-vis une page de texte ethno-botanique explicative et fourmillante et son alter-ego illustrée : une planche en collage et dessin. Ce livre se situe à la croisée de la littérature, de la phytonomie et de la mythologie du quotidien.

 
 

Girotondo

 

Certains racontent qu’il y eut dans ces terres une ville parfaite, géométrique et ordonnée: ses habitants vivaient en paix sans pauvreté ni injustices. On dit qu’au milieu de la ville il y avait un bois qu’en autant de siècles personne n’avait osé abattre. Une foret désordonnée, intriquée comme un filet, avec un sous-bois dense et visqueux où poussent des champignons jamais vus ailleurs et où la lumière du soleil ne pénètre jamais. Et plus les rues étaient claires et symétriques, plus le bois devenait sombre et épais. C’est là où disparaissent tous les chasseurs imprudents et les fillettes curieuses venues pour chercher des baies, et peut-être sont ils toujours dans ce bois, errants dans ce labyrinthe de troncs, branches et fougères…

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contribution à Papier machine n° 6  “Tourniquet”

Textes : Olivia Molnàr

Images : Gaspard Geerts et Olivia Molnàr